bi-portrait Jean-Yves

Mais comment diable expliquer la rencontre sur un plateau de Jean-Yves, ecclésiastique de son état, et Mickaël, artiste chorégraphique à mi-chemin des arts plastiques. A mi-chemin ? Tout se joue peut-être dans cette expression.
Là un prêtre. Ici un artiste du spectacle vivant. Repassons en série quelques analogies fondamentales : une quête d’invisible, un souci de sens et de permanence au-delà de l’apparence incarnée. Eventuellement un partage de l’adresse à un corps social abstrait, de paroissiens, de spectateurs. Cela dans une liturgie de gestes, de paroles, de costumes et lumières aux pouvoirs symboliques décalés du banal quotidien.
Mais enfin – combien plus prosaïquement – deux hommes sont ici face à nous, l’un face à l’autre, face à eux-mêmes. C’est ce qu’il s’agit de vivre. D’éprouver. La mise en spectacle procède d’une intensification des présences. Elle n’est pas sans lien avec les notions de l’art-performance : du sens naît de rien d’autre que l’intervention directe de corps dans un espace-temps donné. Car ceux-ci ne sauraient se résumer à un organisme biophysique. Ces corps sont des faits de culture. Consciemment investis dans une représentation, ils développent un formidable potentiel de performance autofictionnelle. Et de réjouissante rencontre.
Maître du jeu, tout de même, l’artiste Mickaël Phelippeau provoque et ajuste tout ce qui peut rapprocher ou distendre. Il tisse et révèle d’improbables liens dans l’interstice des différences. Un rien malicieux, mais touchant si souvent au plus juste, ce bi-portrait Jean-Yves invite chacun à ne s’envisager que par l’échange de ce qu’il donne et reçoit de l’autre. Là vibrent les cordes des signes sociaux, moraux, affectifs, sans lesquels un corps – on veut dire une personne – n’a aucun sens en définitive. S’en dégage un mouvement irrépressible, mais si léger, de confiance en toute rencontre de l’autre.

— Gérard Mayen


Création le 17 avril 2008 au TNT Manufacture - Bordeaux

pièce chorégraphique de Mickaël Phelippeau

interprétation Jean-Yves Robert et Mickaël Phelippeau

collaboration artistique Maeva Cunci

création lumière Benjamin Boiffier

suite à une proposition de Alain Michard - cie. Louma & du TNT
Manufacture - Bordeaux


production déléguée bi-p association
coproduction Lelabo – Paris, TNT Manufacture – Bordeaux, Centre national de danse contemporaine - Angers
avec le soutien des Laboratoires d'Aubervilliers pour le prêt de studios


crédits photo Aldo Abbinante & Philippe Savoir

Création 2008

2008
Lelabo – Paris, FR - étape de travail
TNT- Manufacture de chaussures – Bordeaux, FR
Les Laboratoires d'Aubervilliers, FR
Manifestation Journées Jouables, Cap15 – Marseille, FR
À DOMICILE 2008 – Guissény, FR
Église Saint-Augustin – Bordeaux, FR
Les Laboratoires d'Aubervilliers, FR

2009
Centre national de danse contemporaine – Angers, FR
Théâtre l'Oeil la Lucarne – Bordeaux, FR

2010
La Halle aux Grains - scène nationale de Blois, dans le cadre du festival les Eclectiques, FR
La Fabrique - Dole proposé par le Centre chorégraphique national de Franche-Comté à Belfort, en partenariat avec Scènes du Jura, FR
Théâtre de la Bastille - Paris, FR

2011
Théâtre Le Puits-Manu – Beaugency, FR
Scène nationale d'Orléans, FR
Théâtre la Condition des Soies - Avignon OFF, en partenariat avec micadanses - Paris, FR
Micadanses – Paris, FR
Les Églises - centre d'art contemporain – Chelles, dans le cadre de l'exposition La Paupière, le Seuil, de Guillaume Robert, FR
L'Hectare - scène conventionnée de Vendôme, FR
Le Quartz - scène nationale de Brest, FR

2012
La maison du temps libre – Stains, dans le cadre du projet « bi-portrait Clos Saint-Lazare », Rencontres chorégraphiques internationales de Seine Saint-Denis, FR

2015
Festival Pharenheit, CCN du Havre Haute Normandie, FR
Théâtre Paul Eluard, Bezons, FR
Théâtre Brétigny, scène conventionnée du Val d'Orge, FR

2016
Biennale du Divers, Collège des Bernardins, Paris, FR